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Transmettre la foi
Par VDA**********AIL le 25/09/2011 19:48:59:00, cet article a été lu 74 fois.

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTKtATFwDlY02gNpaid1gAXixgdOt-kbZpGDPsB31u_cLSKpx31 Transmettre la foi :

entre renouveau et continuité…

Le verbe « transmettre » nous met d’emblée sur la piste et le registre patrimonial de l’« héritage », un héritage à

dépoussiérer peut-être, à inventorier sans doute, à sauvegarder aussi, avant transmission aux jeunes générations en le rendant toujours accessible à tous.

On parle bien dans la théologie classique du « dépôt de la foi », une expression qui dit le trésor de l’Eglise et du Royaume, à accueillir sans cesse, à vivre et à transmettre toujours. Cependant, il y a quelques décennies encore dans la catéchèse, l’insistance portait sur l’acquisition de connaissances, en témoigne le style des catéchismes questions-réponses des parents et grands-parents, le tout appuyé solidement sur une culture chrétienne encore relativement large.

En revanche, le contexte contemporain bien différent maintenant et davantage sensible à l’expérience a suscité l’émergence de nouveaux parcours de catéchèse ou de nouvelles méthodes catéchétiques : en France, on parle beaucoup de pédagogie d’initiation ou d’engendrement. Elle met en valeur l’expérience commune de la Parole de Dieu, illustrée par la vie des saints et explicitée par la Tradition de l’Eglise.

 La foi ne s’invente pas, mais se reçoit

 Dans un contexte ambiant de subjectivisme où l’on porte aux nues l’individu et ses choix personnels, dans une culture de l’audimat et de l’image où l’on est responsable devant aucune instance hormis la « toute puissante opinion publique » et ses tribunaux souvent cruels, il est nécessaire de tenir deux aspects essentiels de la foi : la foi comprise comme un contenu objectif qui vient éclairer notre intelligence et nos vies ; elle ne s’invente pas mais se reçoit.

Ce premier aspect prémunit les croyants contre les dérives sectaires, magiques ou superstitieuses, ainsi que contre les modes spirituelles par définition changeantes. Elle réclame bien alors un travail de compréhension, d’assimilation et d’adhésion de l’intelligence aux vérités héritées de l’Evangile et transmises par la communauté des croyants. De ce point de vue, la foi comprise comme un credo à découvrir vient heurter de plein fouet le scepticisme actuel qui ne tient pour vrai que ce que la science prouve et nous donne finalement à … croire !

Un effort reste a faire sur cet aspect de la foi trop souvent négligé depuis 40 ans en France : une nourriture solide n’est pas ennemie d’une vie chrétienne joyeuse, bien au contraire ; une foi solidement enracinée dans l’intelligence et la culture ne s’oppose pas à la simplicité de vie mais favorise une liberté d’action et de rencontre des autres traditions ou religions, y compris de l’athéisme !

“Une expérience personnelle de Dieu lui-même”

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L’autre aspect essentiel de la foi consiste en cette expérience personnelle de Dieu lui même !  Le film Qui a envie d’être aimé ? raconte l’histoire d’un papa, avocat brillant, littéralement retourné et bouleversé lors d’une soirée de présentation de la foi, soirée qui va marquer un « avant et un après » dans son cheminement. Une rencontre inattendue, irrationnelle, bouleversante… un peu honteuse aussi : le Seigneur devient pour lui « Quelqu’un » et Quelqu’un de présent, de vivant et d’agissant, et Quelqu’un qui répond à son besoin d’être aimé ! Pourtant rien ne prédisposait Antoine à cette rencontre. Son action est d’ailleurs très limitée : il s’ouvre et se laisse toucher, petit à petit… rien de plus.

Croire n’est ni une volonté de sa part, ni un idéal qu’il souhaite suivre, ni un combat qu’il veut mener, c’est une rencontre. Pour cela il faut accepter de tout lâcher, de s’abandonner, se donner, se livrer, corps et âme, et laisser Dieu s’emparer de tout. Et puis, contrairement à ce qu’on nous enseigne parfois, faire confiance à nos désirs...

> Un itinéraire à parcourir

Pour ceux qui ont fait cette expérience intense, mais souvent discrète, la suite du chemin va engendrer des comportements différents, une transformation de la pensée et de l’agir ; il s’agit donc d’un itinéraire à parcourir ; il intègre en tant que tel, des moments de doute, des dérapages et des égarements, des pauses,… et simplement, les va-et-vient de la liberté humaine, appelée à s’en remettre à Dieu et à ses projets…nos contemporains sont particulièrement sensibles à cette dimension plus intérieure de la vie religieuse, loin du phénomène de masse et des innombrables prescriptions morales et des dogmes difficiles.

Précisons cependant que Dieu est au-delà du ressenti et de l’émotion : si, pour lancer ou relancer une vie de foi, le Seigneur nous touche sensiblement, l’enjeu est bien ensuite d’enraciner cette relation personnelle dans une fidélité qui dépasse le sensible et dans une vie ecclésiale avec d’autres.

 l’Eglise ne doit pas fonctionner par attirance mais par transparence !

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Cela dit, nous pourrions inventer toutes les méthodes possibles de catéchèse et de transmission de la foi, outre la liturgie, lieu de son expression privilégiée, la meilleure demeurera toujours la vie des chrétiens elle-même : ce sont eux qui rendent visibles Dieu et son Royaume.

Une communauté chrétienne doit toujours se maintenir en situation d’auto-évangélisation mais également se mettre en situation d’évangélisation : ainsi tombe le registre parfois maladroit « intérieur – extérieur » pour parler des chrétiens et de ceux qui ne le sont pas, ou encore le registre « eux - nous » comme si les frontières de l’Eglise n’étaient pas en l’homme lui-même !

Il est donc nécessaire aux communautés chrétiennes d’être fidèles à l’évangile tout en restant ouvertes aux 99 brebis hors de l’Eglise visible, qui attendent l’évangile et auxquels en tout cas l’évangile est aussi destiné.

En fait, d’une certaine manière, la question de la transmission de la foi ne devrait pas se poser : si l’Eglise est bien elle-même, c’est à dire « missionnaire par nature », si en elle, se poursuit l’unique mission de Jésus Christ, avec toute l’inventivité qui caractérise l’amour divin, alors la contagion qui a pris au coeur les 12 apôtres, il y a 2000 ans, ne peut pas ne pas continuer sa course. Notre pape Benoit XVI le précisait en Angleterre : l’Eglise ne doit pas fonctionner par attirance mais par transparence !

Père Nathanaël Grard